Sensations incontrôlables, accélération du cœur, coup de chaud, et si l’amour pouvait s’expliquer scientifiquement ?
Tomber amoureux
Dans cette situation, notre cerveau n’utilise aucune analyse rationnelle. C’est une partie du cortex cérébral, celle qui gère les comportements automatiques, comme faire du vélo, qui s’active. C’est pourquoi, tomber amoureux est une sensation qui semble inexpliquée.
Andreas Bartels et Semir Zeki, de University College London, ont fait une étude sur des couples amoureux. L’un des deux partenaires passe un IRM. Pendant ce temps-là, on lui montre des images d’hommes ou de femmes lambda, jusqu’à lui montrer une photo de son partenaire. À ce moment-là, ils ont remarqué que la partie qui s’activait était celle des noyaux gris centraux (1/50ème de la masse cérébrale totale), la partie la plus primitive du cerveau.
Comme les animaux, ce n’est pas la partie qui contrôle nos activités mentales et qui nous permet de faire des choix qui s’active, mais plutôt celle qui relève du subconscient. L’amour, en fait, désactive les zones qui influencent nos choix qui se situent dans le cortex préfrontal, la partie qu’on appelle rationnelle.
Et la vrai cause est la phényléthylamine. Cette hormone qui est généralement la cause des « papillons dans le ventre » , à l’effet d’une drogue sur le cerveau. Utilisée dans la MDMA ou les anti-dépresseurs, elle agit comme des amphétamines. Avec des effets secondaires, comme l’impossibilité de dormir ou le manque.
Le cerveau lui, sécrète aussi l’hormone du plaisir immédiat : la dopamine. Elle est responsable des actions, de la motivation et du désir. Cette hormone en corrélation avec la partie primitive, a des effets puissants sur l’être humain. Mélangée aussi avec l’hormone du bonheur, la sérotonine, c’est tout le corps humain qui ressent du plaisir et de la chaleur.
Tomber amoureux semble nécessairement être une sensation forte et incontrôlable. Pourtant, ces interactions qui se font dans le cerveau, fragilisent celui ou celle qui les ressent. L’activation de toutes ces hormones sur une courte durée, c’est aussi puiser dans des réserves limitées. Pendant que l’organisme reconstitue ses hormones, l’être humain est dans un vaste flou qui le fait douter et le fatigue.
Au début on manque de sérotonine, ce qui peut faire que le début d’une relation s’accompagne d’une fragilité émotionnelle.
Raphaël Blareau, Professeur agrégé en Chimie, France Culture
S’emballer pour quelqu’un au premier regard, c’est donc sentir en soi une forte sensation de pure bonheur liée à notre animalité et aux hormones. Un cocktail explosif qui remplit l’humain de plaisirs et de doutes.
L’amour sur le long terme
Entre plaisir intense et fragilité émotionnelle dus à la dopamine et à la sérotonine, d’autres hormones sont en jeu dans les relations amoureuses, telles que l’endorphine et l’ocytocine.
L’endorphine apparaît après la première interaction. Elle est un euphorisant qui joue le rôle d’anti-douleur. Et l’ocytocine qui se mélange aux autres hormones, elle, dure plus longtemps. Elle est connue pour réguler les relations sociales. Elle est l’hormone de l’empathie, qui permet les relations durables entre les partenaires. Elle est notamment sécrétée pendant l’orgasme, l’accouchement et l’allaitement.
Lucy Vincent explique que l’ocytocine est une hormone qui est liée à nos souvenirs et est généralement connue sous le nom de l’ « hormone de l’attachement » . Elle apparaît pour la première fois chez l’enfant, et assure le lien entre la mère et le nouveau-né, et est stimulée tout au long de la vie à travers les liens sociaux.
Ces stimulis là, ça ne peut que renforcer le lien qui se crée avec le partenaire
Lucy Vincent, neurobiologiste , France Culture
Cette hormone est notamment activée lorsqu’on ressent l’absence de l’être aimé. Cela réveille notre hippocampe, notre mémoire, et celle-ci se met à nous rappeler les moments passés. Le cerveau produit alors de la dopamine et de la sérotonine, et fait resurgir cette passion des premiers jours.
Être amoureux, se sentir heureux, sont donc des éléments impossibles sans hormones. Pourtant, pourquoi toutes ces hormones apparaissent à un moment T pour cette personne plutôt qu’une autre ?
L’ocytocine pourrait jouer un rôle premier, en créant à ce moment précis, sans qu’on puisse en avoir conscience, cet attachement soudain. En se mélangeant avec les autres hormones, et en puisant dans les souvenirs les plus enfouis.
L’être aimé referait-il donc resurgir des souvenirs heureux et inconscients de notre enfance ? Est-ce vraiment cela l’amour ?